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ce que c’est que biens meubles et immeubles. Si elles se marient, toutes leurs principales affaires rouleront là-dessus.

Mais en même temps montrez-leur combien elles sont incapables d’enfoncer dans les difficultés du droit ; combien le droit lui-même, par la faiblesse de l’esprit des hommes, est plein d’obscurités et de règles douteuses ; combien la jurisprudence varie ; combien tout ce qui dépend des juges, quelque clair qu’il paraisse, devient incertain ; combien les longueurs des meilleures affaires même sont ruineuses et insupportables. Montrez-leur l’agitation du palais, la fureur de la chicane, les détours pernicieux et les subtilités de la procédure, les frais immenses qu’elle attire, la misère de ceux qui plaident, l’industrie des avocats, des procureurs et des greffiers, pour s’enrichir bientôt en appauvrissant les parties. Ajoutez les moyens qui rendent mauvaise, par la forme, une affaire bonne dans le fond ; les oppositions des maximes de tribunal à tribunal : si vous êtes renvoyé à la grand’chambre, votre procès est gagné ; si vous allez aux enquêtes, il est perdu. N’oubliez pas les conflits de juridiction, et le danger où l’on est de plaider au conseil plusieurs années pour savoir où l’on plaidera. Enfin remarquez la différence qu’on trouve souvent entre les avocats et les juges sur la même affaire ; dans la consultation vous avez gain de cause, et votre arrêt vous condamne aux dépens.

Tout cela me semble important pour empêcher les femmes de se passionner sur les affaires, et de s’abandonner aveuglément à certains conseils ennemis de la paix, lorsqu’elles sont veuves, ou maîtresses de leur bien dans un autre état. Elles doivent écouter leurs gens d’affaires, mais non pas se livrer à eux.

Il faut qu’elles s’en défient dans les procès qu’ils veulent leur faire entreprendre, qu’elles consultent les gens