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ce qu’elles lisent : ou elles hésitent, ou elles chantent en lisant ; au lieu qu’il faut prononcer d’un ton simple et naturel, mais ferme et uni. Elles manquent encore plus grossièrement pour l’orthographe, ou pour la manière de former ou de lier les lettres en écrivant : au moins accoutumez-les à faire leurs lignes droites, à rendre leur caractère net et lisible. Il faudrait aussi qu’une fille sût la grammaire : pour sa langue naturelle, il n’est pas question de la lui apprendre par règle, comme les écoliers apprennent le latin en classe ; accoutumez-les seulement sans affectation à ne prendre point un temps pour un autre, à se servir des termes propres, à expliquer nettement leurs pensées avec ordre, et d’une manière courte et précise : vous les mettrez en état d’apprendre un jour à leurs enfants à bien parler sans aucune étude. On sait que, dans l’ancienne Rome, la mère des Gracques contribua beaucoup, par une bonne éducation, à former l’éloquence de ses enfants, qui devinrent de si grands hommes.

Elles devraient aussi savoir les quatre règles de l’arithmétique ; vous vous en servirez utilement pour leur faire faire souvent des comptes. C’est une occupation fort épineuse pour beaucoup de gens ; mais l’habitude prise dès l’enfance, jointe à la facilité de faire promptement, par le secours des règles, toutes sortes de comptes les plus embrouillés, diminuera fort ce dégoût. On sait assez que l’exactitude de compter souvent fait le bon ordre dans les maisons. Il serait bon aussi qu’elles sussent quelque chose des principales règles de la justice ; par exemple, la différence qu’il y a entre un testament et une donation ; ce que c’est qu’un contrat, une substitution, un partage de cohéritiers ; les principales règles du droit, ou des coutumes du pays où l’on est, pour rendre ces actes valides ; ce que c’est que propre, ce que c’est que communauté ;