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pleins de défauts, il ne faut pas s’attendre que les valets n’en aient point, eux qui ont manqué d’instructions et de bons exemples ; qu’enfin, si les valets se gâtent en servant mal, ce que l’on appelle d’ordinaire être bien servi, gâte encore plus les maîtres ; car cette facilité de se satisfaire en tout, ne fait qu’amollir l’âme, que la rendre ardente et passionnée pour les moindres commodités, enfin que la livrer à ses désirs.

Pour ce gouvernement domestique, rien n’est meilleur que d’y accoutumer les filles de bonne heure. Donnez-leur quelque chose à régler, à condition de vous en rendre compte : cette confiance les charmera ; car la jeunesse ressent un plaisir incroyable lorsqu’on commence à se fier à elle, et à la faire enter dans quelque affaire sérieuse. On en voit un bel exemple dans la reine Marguerite. Cette princesse raconte, dans ses Mémoires, que le plus sensible plaisir qu’elle ait eu en sa vie, fut de voir que la Reine sa mère commença à lui parler, lorsqu’elle était encore très jeune, comme à une personne mûre : elle se sentit transportée de joie d’entrer dans la confidence de la Reine, et de son frère le duc d’Anjou, pour le secret de l’Etat, elle qui n’avait connu jusque là que des jeux d’enfants. Laissez même faire quelque faute à une fille dans de tels essais, et sacrifiez quelque chose à son instruction ; faites-lui remarquer doucement ce qu’il aurait fallu faire ou dire, pour éviter les inconvénients où elle est tombée ; racontez-lui vos expériences passées, et ne craignez point de lui dire les fautes semblables aux siennes, que vous avez faites dans votre jeunesse : par là vous lui inspirerez la confiance, sans laquelle l’éducation se tourne en formalités gênantes.

Apprenez à une fille à lire et à écrire correctement. Il est honteux, mais ordinaire, de voir des femmes qui ont de l’esprit et de la politesse, ne savoir pas bien prononcer