importuns, s’il a le cœur bon et l’esprit réglé, est plus estimable qu’un courtisan, qui, sous une politesse accomplie, cache un cœur ingrat, injuste, capable de toutes sortes de dissimulations et de bassesses. Ajoutez qu’il y a toujours de la faiblesse dans les esprits qui ont une grande pente à l’ennui et au dégoût. Il n’y a point de gens dont la conversation soit si mauvaise, qu’on n’en puisse tirer quelque chose de bon : quoiqu’on en doive choisir de meilleures quand on est libre de choisir, on a de quoi se consoler quand on y est réduit, puisqu’on peut les faire parler de ce qu’ils savent, et que les personnes d’esprits peuvent toujours tirer quelque instruction des gens les moins éclairés. Mais revenons aux choses dont il faut instruire une fille.
CHAPITRE XII.
Suite des devoirs des femmes.
Il y a la science de se faire servir, qui n’est pas petite. Il faut choisir des domestiques qui aient de l’honneur et de la religion ; il faut connaître les fonctions auxquelles on veut les appliquer, le temps et la peine qu’il faut donner à chaque chose, la manière de la bien faire, et la dépense qui y est nécessaire. Vous gronderez mal à propos un officier, par exemple, si vous voulez qu’il ait dressé un fruit plus promptement qu’il n’est possible, ou si vous ne savez pas à peu près le prix et la quantité du sucre et des autres choses qui doivent entrer dans ce que vous lui faites faire : ainsi vous êtes en danger d’être la dupe ou le fléau de vos domestiques, si vous n’avez quelque connaissance de leurs métiers.
Il faut encore savoir connaître leurs humeurs, ménager leurs esprits, et policer chrétiennement toute cette