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frugale et laborieuse, qu’à éviter la honte et l’injustice attachées à une conduite prodigue et ruineuse. Il ne faut retrancher les dépenses superflues, que pour être en état de faire plus libéralement celles que la bienséance, ou l’amitié, ou la charité inspirent. Souvent c’est faire un grand gain, que de savoir perdre à propos : c’est le bon ordre, et non certaines épargnes sordides, qui fait les grands profits. Ne manquez pas de représenter l’erreur grossière de ces femmes qui se savent bon gré d’épargner une bougie, pendant qu’elles se laissent tromper par un intendant sur le gros de toutes leurs affaires.

Faites pour la propreté comme pour l’économie. Accoutumez les filles à ne souffrir rien de sale ni de dérangé ; qu’elles remarquent le moindre désordre dans une maison. Faites-leur même observer que rien ne contribue plus à l’économie et à la propreté, que de tenir toujours chaque chose en sa place. Cette règle ne paraît presque rien ; cependant elle irait loin, si elle était exactement gardée. Avez-vous besoin d’une chose ? Vous ne perdez jamais un moment à la chercher ; il n’y a ni trouble, ni dispute, ni embarras, quand on en a besoin ; vous mettez d’abord la main dessus ; et quand vous vous en êtes servi, vous la remettez sur-le-champ dans la place où vous l’avez prise. Ce bel ordre fait une des plus grandes parties de la propreté ; c’est ce qui frappe le plus les yeux, que de voir cet arrangement si exact. D’ailleurs, la place qu’on donne à chaque chose étant celle qui lui convient davantage, non seulement pour la bonne grâce et le plaisir des yeux, mais encore pour sa conservation, elle s’y use moins qu’ailleurs ; elle ne s’y gâte d’ordinaire par aucun accident ; elle y est même entretenue proprement : car, par exemple, un vase ne sera ni poudreux, ni en danger de se briser, lorsqu’on le mettra dans sa place immédiatement après s’en être servi. L’esprit d’exactitude, qui fait ranger, fait aussi