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ait été longtemps à la mode, afin qu’elle ne doive plus y être, et qu’une autre, quoique ridicule, à titre de nouveauté prenne sa place et soit admirée.

Après avoir posé ce fondement, montrez les règles de la modestie chrétienne. Nous apprenons, direz-vous, par nos saints mystères, que l’homme naît dans la corruption du péché ; son corps, travaillé d’une maladie contagieuse, est une source inépuisable de tentation à son âme. Jésus-Christ nous apprend à mettre toute notre vertu dans la crainte et dans la défiance de nous-mêmes. Voudriez-vous, pourra-t-on dire à une fille, hasarder votre âme et celle de votre prochain pour une folle vanité ? Ayez donc horreur des nudités de gorge, et de toutes les autres immodesties : quand même on commettrait ces fautes sans aucune mauvaise passion, du moins c’est une vanité, c’est un désir effréné de plaire. Cette vanité justifie-t-elle devant Dieu et devant les hommes une conduite si téméraire, si scandaleuse, et si contagieuse pour autrui ? Cet aveugle désir de plaire convient-il à une âme chrétienne, qui doit regarder comme une idolâtrie tout ce qui détourne de l’amour du Créateur et du mépris des créatures ? Mais, quand on cherche à plaire, que prétend-on ? n’est-ce pas d’exciter les passions des hommes ? Les tient-on dans ses mains pour les arrêter, si elles vont trop loin ? Ne doit-on pas s’en imputer toutes les suites ? et ne vont-elles pas toujours trop loin, si peu qu’elles soient allumées ? Vous préparez un poison subtil et mortel, vous le versez sur tous les spectateurs ; et vous vous croyez innocente ! Ajoutez les exemples des personnes que leur modestie a rendues recommandables, et de celles à qui leur immodestie a fait tort. Mais surtout ne permettez rien, dans l’extérieur des filles, qui excède leur condition : réprimez sévèrement toutes leurs fantaisies. Montez-leur à quel danger on s’expose, et combien on se fait mépriser des gens sages, en oubliant ce qu’on est.