longs plis, sont agréables et majestueuses. Il serait bon même qu’elles entendissent parler les peintres et les autres gens qui ont ce goût exquis de l’antiquité. Si peu que leur esprit s’élevât au-dessus de la préoccupation des modes, elles auraient bientôt un grand mépris pour leurs frisures, si éloignées du naturel, et pour les habits d’une figure trop façonnée. Je sais bien qu’il ne faut pas souhaiter qu’elles prennent l’extérieur antique ; il y aurait de l’extravagance à le vouloir : mais elles pourraient, sans aucune singularité, prendre le goût de cette simplicité d’habits si noble, si gracieuse, et d’ailleurs si convenable aux mœurs chrétiennes. Ainsi, se conformant dans l’extérieur à l’usage présent, elles sauraient au moins ce qu’il faudrait penser de cet usage : elles satisferaient à la mode comme à une servitude fâcheuse, et elles ne lui donneraient que ce qu’elles ne pourraient lui refuser. Faites-leur remarquer souvent, et de bonne heure, la vanité et la légèreté d’esprit qui fait l’inconstance des modes. C’est une chose bien mal entendue, par exemple, de se grossir la tête de je ne sais combien de coiffes entassées ; les véritables grâces suivent la nature, et ne la gênent jamais.
Mais la mode se détruit elle-même ; elle vise toujours au parfait, et jamais elle ne le trouve ; du moins elle ne veut jamais s’y arrêter. Elle serait raisonnable, si elle ne changeait que pour ne changer plus, après avoir trouvé la perfection pour la commodité et pour la bonne grâce ; mais changer pour changer sans cesse, n’est-ce pas chercher plutôt l’inconstance et le dérèglement, que la véritable politesse et le bon goût ? Aussi n’y a-t-il d’ordinaire que caprice dans les modes. Les femmes sont en possession de décider ; il n’y a qu’elles qu’on en veuille croire : ainsi les esprits les plus légers et les moins instruits entraînent les autres. Elles ne choisissent et ne quittent rien par règle ; il suffit qu’une chose bien inventée