aspirent tant à la beauté et à toutes les grâces extérieures, et qu’elles sont si passionnées pour les ajustements ; une coiffe, un bout de ruban, une boucle de cheveux plus haut ou plus bas, le choix d’une couleur, ce sont pour elles autant d’affaires importantes.
Ces excès vont encore plus loin dans notre nation qu’en toute autre ; l’humeur changeante qui règne parmi nous cause une variété continuelle de modes : ainsi on ajoute à l’amour des ajustements celui de la nouveauté, qui a d’étranges charmes sur de tels esprits. Ces deux folies mises ensemble renversent les bornes des conditions, et dérèglent toutes les mœurs. Dès qu’il n’y a plus de règle pour les habits et pour les meubles, il n’y en a plus d’effectives pour les conditions : car pour la table des particuliers, c’est ce que l’autorité publique peut moins régler ; chacun choisit selon son argent, ou plutôt sans argent, selon son ambition et sa vanité. Ce faste ruine les familles, et la ruine des familles entraîne la corruption des mœurs. D’un côté, le faste excite, dans les personnes d’une basse naissance, la passion d’une prompte fortune ; ce qui ne se peut faire sans péché, comme le Saint-Esprit nous l’assure. D’un autre côté, les gens de qualité, se trouvant sans ressource, font des lâchetés et des bassesses horribles pour soutenir leur dépense ; par là s’éteignent insensiblement l’honneur, la foi, la probité et le bon naturel, même entre les plus proches parents. Tous ces maux viennent de l’autorité que les femmes vaines ont de décider sur les modes ; elles ont fait passer pour Gaulois ridicules tous ceux qui ont voulu conserver la gravité et la simplicité des mœurs anciennes.
Appliquez-vous donc à faire entendre aux filles combien l’honneur qui vient d’une bonne conduite et d’une vraie capacité est plus estimable que celui qu’on tire de ses cheveux ou de ses habits. La beauté, direz-vous,