Page:Fénélon - Oeuvres complètes, Tome XVII, 1830.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée

de les laisser voir. La mauvaise honte est le mal le plus dangereux et le plus pressé à guérir ; celui-là, si on n’y prend garde, rend tous les autres incurables.

Désabusez-les des mauvaises subtilités par lesquelles on veut faire en sorte que le prochain se trompe, sans qu’on puisse se reprocher de l’avoir trompé ; il y a encore plus de bassesse et de supercherie dans ces raffinements, que dans les finesses communes. Les autres gens pratiquent, pour ainsi dire, de bonne foi la finesse ; mais ceux-ci y ajoutent un nouveau déguisement pour l’autoriser. Dites à l’enfant que Dieu est la vérité même ; que c’est se jouer de Dieu, que de se jouer de la vérité dans ses paroles ; qu’on doit les rendre précises et exactes, et parler peu pour ne rien dire que de juste, afin de respecter la vérité.

Gardez-vous donc bien d’imiter ces personnes qui applaudissent aux enfants lorsqu’ils ont marqué de l’esprit par quelque finesse. Bien loin de trouver ces tours jolis, et de vous en divertir, reprenez-les sévèrement ; et faites en sorte que tous leurs artifices réussissent mal, afin que l’expérience les en dégoûte. En les louant sur de telles fautes, on leur persuade que c’est être habile que d’être fin.

CHAPITRE X.

La vanité de la beauté et des ajustements.

Mais ne craignez rien tant que la vanité dans les filles. Elles naissent avec un désir violent de plaire : les chemins qui conduisent les hommes à l’autorité et à la gloire leur étant fermés, elles tâchent de se dédommager par les agréments de l’esprit et du corps : de là vient leur conversation douce et insinuante ; de là vient qu’elles