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LES FÉES DU CYCLE BRETON

Morgane, elle, est toujours amoureuse au point de perdre toute raison, toute retenue ; elle meurt presque de chagrin lorsqu’elle se voit trahie ; tandis que Viviane préméditait à froid des plans subtils et compliqués, c’est avec passion que Morgane ourdit mille dangereuses intrigues. Naturellement, elles se détestent, et les vieux conteurs n’aiment jamais que l’une des deux.

Bientôt, des récits viendront qui dissocieront le personnage de Morgane de celui de la dame d’Avalon, et mettront en scène de bizarres aventures ou de bizarres conciliabules de dames-fées. Un d’eux nous montrera Morgane envoyant une légion de diables à la dame d’Avalon. Mais les grandes lignes de la féerie me semblent avoir considérablement dévié dans ces versions de plus en plus fantaisistes : Morgane, qui commence par être une druidesse insulaire sans être la sœur d’Arthur, finirait par ne plus être que la sœur d’Arthur, et par perdre son beau royaume d’Avalon. Les derniers légendaires semblent ainsi châtier Morgane, en la détrônant.


V

FÉES MINEURES DE LA TABLE-RONDE


La géographie du royaume féerique nous est peu familière : avec le lac de Viviane, avec Avalon et Brocéliande, elle comprend beaucoup d’endroits privilégiés : une île d’or, une cité sans nom, une île perdue en mer, que sais-je ? Jeux du brouillard et