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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

D’ailleurs, est-ce seulement par l’ornement de ses fleurs et de ses fruits qu’Avalon paraît si douce et si belle ? Ne serait-ce pas, plutôt, à cause de sa ceinture d’océan qui l’isole et l’éloigne des compétitions, des soucis, des luttes, au point que l’écho même en expire, avant d’avoir troublé les mélodies délicieuses qu’y égrène le cortège des fées ?

On a cru la reconnaître en certaines îles, les unes plus ou moins voisines des côtes françaises ou britanniques ; les autres, plus éloignées. Les îles du Cap-Vert et des Canaries rivalisent, sur ce point, avec Oléron ou Anglesey. Elle dérive, dit-on, de l’Élysée celtique, et des guerriers, en effet, y sont parfois transportés pour être soignés de leurs blessures par Morgane, qui semblerait ici parente de ces Valkyries septentrionales, promptes à recueillir les âmes des héros morts sur le champ de bataille. Il m’est impossible de ne pas me rappeler ici que le Pommier doux de la chanson de Merlin était un jeune guerrier, un futur libérateur, et je me demande si des traditions perdues n’attribuaient pas aux braves le symbole du Pommier. L’île d’Avalon, l’île des Pommiers, aurait été primitivement cet Élysée celtique, l’île des braves où se réfugia Arthur.

Il fut soigné, dit un vieux texte, par Morgane, enchanteresse habile dans l’art de guérir, et la plus belle des neuf sœurs qui possèdent cette île.

Nous connaissons à peu près tous leurs noms : Moronoé, Mazoé, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronoé, Thiten, la musicienne Thiten. Perpétuèrent-elles le souvenir de l’île de Sein et de ses neuf druidesses ?

Ces fées sont savantes, et Morgane, la première d’entre elles, instruisit ses sœurs ; outre la médecine, elles cultivent l’astronomie et la musique.