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LES FÉES DU CYCLE BRETON

Elle a, de la déesse Diane, le goût des chasses et des forêts. Le lac du Pas-du-Houx, dans la forêt de Paimpont, nous est désigné comme le lac aimé de la belle et radieuse fée.

Cette dangereuse et triomphante Ninienne, Niviene ou Viviane, voyageant avec Merlin, a tenu sur ses genoux le petit Lancelot qu’elle dérobera plus tard à la pauvre reine de Benoïc, Elaine, surnommée la reine aux grandes douleurs. Elle l’emportera au fond de son lac, et l’élèvera de façon que, selon les idées du temps, il devienne un jeune homme accompli. Peut-être imite-t-elle ainsi les fameuses druidesses voleuses d’enfants qui servirent de modèles aux fées Korrigans de la Bretagne. En tout cas, Viviane, une fois de plus, se montre cruelle, puisqu’elle profite du moment où la reine fugitive pleure la mort de son mari, pour se saisir du petit Lancelot.

Chez la Dame du Lac, Lancelot passe une heureuse enfance. Viviane l’aime passionnément ; elle lui donne un maître, elle veut lui procurer des compagnons de jeux. Un jour, elle charge de cette mission une des fées qui lui sont subordonnées, Sarayde. Sarayde quitte l’invisible manoir du lac, munie des instructions de Viviane. Elle va chez le roi Claudas délivrer les petits princes Lionel et Bohor, que Claudas retient prisonniers. Sarayde use à merveille de l’art des enchantements ; sa visite se termine par une bagarre où meurt le fils de Claudas, mais elle ramène les petits princes à Viviane qui la félicite de son habileté. La vie est encore plus douce pour Lancelot quand il a ces gentils compagnons. Ce fils adoptif de Viviane porte en toutes saisons des chapeaux de roses vermeilles. Les fées, dans les légendes, ont toujours aimé les chapeaux de fleurs, et saint