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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

Table Ronde elle-même : c’était la table de Notre Seigneur et de ses disciples, découverte par Merlin, et autour de laquelle ne devaient s’asseoir que le roi et d’irréprochables chevaliers. Une sorte de lien spirituel s’établissait entre les compagnons de la Table Ronde, voués par avance aux belles causes, telles que la défense des faibles et des opprimés.

Enfin Merlin, favorisant l’amour illicite d’Uter pour la belle et vertueuse Ygierne, femme du duc de Tintagel, fut l’ouvrier fatidique de la naissance d’Arthur, fils de cet amour.

Après la mort du duc de Tintagel, Uter épousa Ygierne, mais déjà l’enchanteur s’était emparé de leur enfant, qu’il faisait élever par Antor. Il révéla ce secret au roi mourant.

Le moment vient pour le jeune Arthur de régner, à son tour, et de succéder à Uter, avec son propre cortège de chevaliers, autour de l’auguste Table Ronde : il se fait reconnaître pour le roi désigné par Dieu, en arrachant d’un perron de marbre l’épée féerique Escalibor. Merlin déclare l’origine de son protégé ; le romancier donne à Merlin le souci de travailler à la réalisation du plan céleste : Dieu veut le règne d’Arthur. Merlin paraît à la cour, mais, le plus souvent, il se retire dans les bois : « Sache, dit-il au jeune Arthur, que, par la nature de celui qui m’a engendré, ma coutume est d’habiter les bois ; ce n’est pas que j’y demeure pour jouir de sa compagnie, car il ne se soucie d’aucun compagnon ami de Dieu. »

Toujours prompt à servir Arthur, l’enchanteur, s’il le faut, prend l’aspect d’un enfant de quatre ans ou d’un harpeur aveugle. C’est lui qui marie Arthur à Genièvre, et la prévoyance de Merlin, à ce sujet, est assez contestable : Genièvre oubliera ses devoirs