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ÉPILOGUE

tège éblouissant : venue la dernière, après toutes les fées, elle porte le vêtement de la pénitence. Au salut de cette repentie aboutissent leurs passions et leurs détresses : celle-ci s’arrache à l’empire de la fatalité pour conquérir la sainte liberté de son âme. Elle complète, en l’achevant, le symbole littéraire des fées ; elle nous permet d’en dégager la moralité la plus haute.

Des Filles-Fleurs à Kundry : ainsi pourrait se résumer tout un aspect de l’œuvre de Wagner ; ainsi pourrait se résumer, aussi, l’évolution des personnages féeriques. Voluptueuses, irréfléchies, inconscientes, les Filles-Fleurs représenteraient, semble-t-il, le premier stage des fées, leur premier frémissement, si vague encore, si impersonnel, à travers les énergies de la nature où elles se confondent. Elles fleurissent avec une joie légère, et se fanent sans une réelle douleur.

Kundry nous représente, au contraire, la sublime et douloureuse conquête du monde moral par les fées, la dernière étape de ces fées devenues conscientes et repentantes, et découvrant le bonheur spirituel, en son éternité.


IV


Kundry, cessant d’être une fée, atteint au sommet le plus glorieux de l’art. Kundry meurt pour être immortelle, tandis que les fées qui étaient censées ne point mourir ont désormais cessé de vivre.

En général, elles ne pouvaient vivre que de ca-