Page:Félix-Faure-Goyau - La vie et la mort des fées, 1910.djvu/430

Cette page a été validée par deux contributeurs.
418
LA VIE ET LA MORT DES FÉES

symbole des fées pour y mettre un peu de leur rêve sentimental et philosophique. Ainsi M. Jean Richepin, avec toutes les magies du rythme, de la rime et du songe, revient au thème antique et délicieux de la Belle au Bois dormant ; M. Fernand Gregh lui donne un exquis prélude en nous introduisant jusque dans le conseil secret des fées marraines ; et de Carabosse la mal famée il fait un personnage curieux et nouveau. Carabosse se sent prise de tendresse pour l’enfant qui sera la Belle au Bois dormant, et reproche aux jeunes fées de préparer le malheur futur de la petite princesse, par l’abondance excessive de leurs dons heureux :

« Son malheur !… Par ma foi, mais si je m’en réfère
Aux lois du monde, c’est elles qui l’allaient faire,
Les folles, avec tous leurs dons accumulés… »

Comme notre âge est en veine de paradoxe, M. Anatole France, après que M. Fernand Gregh a réhabilité le type de la mauvaise Fée, se propose, lui, de réhabiliter la Barbe-Bleue, et d’égratigner d’une pointe d’ironie le cérémonial solennel de la Belle au Bois dormant.

Enfin Joyzelle et l’Oiseau bleu, de M. Maeterlinck, sont des féeries symboliques, des fantaisies très ingénieuses, très subtiles et très modernes, l’Oiseau bleu surtout, qui, de l’humble chaumière des parents Tyl, fait surgir un royaume de féerie, en évoquant l’âme des bêtes, des choses, et le monde des souvenirs.

On a rêvé ce que pourrait être la dernière Fée. Beaucoup l’ont nommée la Science, et M. Pierre Veber, au contraire, se plaît à nous montrer la Science comme sa rivale victorieuse. Le dernier en-