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LA FÉERIE DANS UN CERVEAU DU NORD : ANDERSEN

nequins. Le héros s’apercevait que ces gens à belles manières n’étaient que des manches à balai, surmontés de têtes de chat, auxquels le magicien avait prêté une apparence de vie… »

Andersen déteste l’artificiel et le convenu. Le jeune et gentil prince qui veut épouser la fille d’un puissant empereur lui envoie, pour la conquérir, une rose qui a fleuri sur le tombeau de son père, une précieuse rose, mais la princesse n’est digne que de s’intéresser aux imitations factices. « Comme elle est bien imitée ! » s’écrie-t-elle avec ravissement. Mais elle la regarde de près : « Fi donc ! dit-elle en pleurant de dépit, elle n’est pas artificielle ; c’est une rose naturelle, comme toutes les roses. — Une rose naturelle, pas davantage ! » s’exclament les demoiselles d’honneur.

La scène recommence pour le rossignol : « L’oiseau est-il vraiment un automate ? » demande la princesse. Mais non, c’est un rossignol en vie, et la princesse ne veut plus entendre parler ni du prince ni de ses présents. Ce prince ne manque pas d’audace ; il se déguise en paysan, se présente à la cour de l’empereur, y obtient l’emploi de porcher. Il fabrique une marmite fantastique et une crécelle bruyante ; pour la marmite et la crécelle, la princesse qui avait dédaigné la rose et le rossignol, et repoussé le prince, promet des baisers au porcher. L’empereur chasse sa fille, ainsi que le porcher inconnu, et ceux-ci vont à travers les chemins. La princesse pleure ; le prince lui apparaît dans sa beauté et ses riches atours. Mais il lui déclare qu’il ne l’aime plus, qu’il la méprise…

Cette petite princesse, si capricieuse, si volontaire, qui veut bien se compromettre, pourvu que