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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

de la Providence. Ici, il échappe au monde de la féerie, mais il y reviendra, car son imagination est fée, et, comme toutes les fées, elle n’a qu’à faire un signe pour qu’Andersen, sous sa lampe, à son foyer, dans sa chambre, assiste aux plus étranges spectacles et nous y fasse assister.


IV


Andersen est en quelque sorte le Shakespeare des enfants. Son œuvre aux aspects ingénus révèle tout à coup des profondeurs inouïes. Son imagination charme les petits ; sa philosophie console les grands. Il y a toujours une larme au coin de son sourire. Je ne sais pas si c’est lui que j’ai lu, je ne sais pas si j’ai lu un peu de mon âme en croyant le lire lui-même ; chacun de ses contes est une sorte de mélodie assez vague pour moduler nos propres sentiments, et, comme dans certaine musique, une douleur latente s’y exprime avec des dissonances.

Ce n’est pas qu’il ne mérite jamais un blâme. Je lui reprocherais de mettre parfois des anges dans le voisinage de ses fées, et il est déplaisant de voir confondre le merveilleux avec le surnaturel. Mais ce qu’il y a de plus merveilleux en lui, c’est sa douce, humble et charmante conception de la vie ; c’est la sympathie qui lui fait répandre son âme délicieuse sur des objets inanimés ; c’est qu’il soit tout ensemble si amusant et si triste, si désabusé et si résigné !

Le paysage du Nord, avec toute sa magie, est enfermé dans ses contes, comme les trésors de