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LA FÉERIE DANS UN CERVEAU DU NORD : ANDERSEN


III


Voilà le point particulier de la féerie d’Andersen. Elle met en scène quelques fées, beaucoup de magiciens, des talismans et des génies, mais, le plus souvent, elle consiste à prêter une âme aux phénomènes naturels ou aux objets inanimés. C’est le vent qui raconte des histoires plaintives, ou le rayon de lune qui jase, ou le sommeil transformé en génie, sous le nom de Ferme-l’Œil, qui raconte de belles histoires aux petits en plaçant sous leurs paupières closes la lanterne magique des rêves.

Les phénomènes les plus naturels, un peu déformés ou considérés de certaine façon, deviennent féeriques. Ce génie du sommeil est un gnome. La féerie du Nord est pleine de gnomes. Et le début du conte est charmant.

« Il n’y a personne dans le monde entier qui sache autant d’histoires que le vieux Ferme-l’Œil. Et comme il raconte bien ! C’est vers le soir, lorsque les enfants sont encore à table ou sur leurs petits bancs, qu’il apparaît. Il monte l’escalier tout doucement, chaussé de babouches qui amortissent le bruit de ses pas, il ouvre la porte avec précaution, et housch ! avec sa petite seringue, il lance aux enfants du lait sucré dans les yeux, un filet tout mince, mais il y en a assez pour qu’ils ne puissent tenir les yeux ouverts… »

Il est vêtu de soie, et ouvre pour les enfants sages son parapluie, dans l’étoffe duquel sont imprimées toutes sortes de belles images.