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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

bonnes gens, ne soyez point en peine de moi : j’ai retrouvé mes ailes… »

Les fées de Nodier et de George Sand nous apparaissent très vieilles, et, cependant, par exception, il y eut au dix-neuvième siècle des fées jeunes et vivantes, sorties de l’imagination de la plus aimable des aïeules. Mais aussi rien ne fut jamais plus jeune ni plus vivant que l’imagination de Mme de Ségur. Ses fées sont de vraies fées qui ne prétendent point nous donner des leçons de philosophie, et qui ne voudront même pas avoir l’air de moraliser, bien qu’elles soient toutes prêtes à nous enseigner une belle, douce et généreuse morale. Bonne-Biche et Beau-Minon, Rosine, Ourson, Violette ont séduit notre enfance, comme la Belle au Bois dormant et l’Adroite Princesse. Ce fut encore un livre ami de l’enfance que les Contes Bleus de Laboulaye, et nous nous sommes intéressés aux étonnantes aventures de Pif-Paf.

Charles Marelle, dans son Petit Monde, où tant de jeunes Allemands ont appris à goûter notre langue, a trouvé, lui aussi, une façon bien personnelle de promener les enfants dans le domaine de la féerie.

Un grand-père, une grand’mère, un ami des enfants, avec la seule intention d’amuser les petits, savent donner une vie ingénue à leurs contes charmants. Et les petits se demandent si cette incomparable Mme de Ségur n’est point la meilleure fée de leurs rêves, elle qui semble avoir la clef du monde le plus délicieux. Ils ne savent pas encore qu’une lumière plus belle et plus pure que celle de la féerie illumine l’auréole de sagesse qui pare ses cheveux blancs d’aïeule.