Page:Félix-Faure-Goyau - La vie et la mort des fées, 1910.djvu/381

Cette page a été validée par deux contributeurs.
369
LA FÉERIE ROMANTIQUE EN FRANCE

une fée qui porte le nom significatif d’Hydrocharis symbolise la vivante beauté des ruisseaux, et le charme des fleurs qui croissent sur leurs bords ; elle lutte contre la fée des Glaciers, et la fée Poussière, humble et pourchassée, dont la robe pâle étincelle d’or et de rubis sous les feux du couchant, trouve une amie en George Sand.

Mais cette femme qui avait souffert goûtait la sagesse des arbres. On dit que ses dernières paroles furent : « Ne touchez pas à la verdure… » Elle croyait à la leçon des arbres, aux mots mystérieux que la brise leur arrache, quand ils s’inclinent sur nos têtes, en chuchotant nous ne savons quels impénétrables secrets…

Le petit Emmi est ainsi mystérieusement gardé et protégé par le Chêne parlant, alors que les hommes le menacent, le persécutent et cherchent à le corrompre, jusqu’au jour où, fuyant le repaire de la Catiche, il se lie avec le brave père Vincent.

Pour George Sand — elle l’avoue — la nature est la véritable reine des fées.

Sa féerie porte la marque de sa philosophie et de ses illusions… Assise au seuil de sa maison berrichonne, elle laissait monter ses rêves dans le silence de la campagne, toujours prompte à recueillir les enseignements de la terre, des bêtes et des fleurs. Quand le glas sonnait à quelque clocher voisin, planant sur ces cimetières de village où les morts semblent dormir plus doucement qu’ailleurs, enviait-elle pour son âme, souvent retombée du haut de ses espérances, le libre vol de quelque oiseau nomade, et souhaitait-elle d’adresser elle-même aux paysans, dont sa bonté la faisait aimer, ces mots qui terminent un de ses contes, les Ailes du courage : « Adieu,