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LA FÉERIE ROMANTIQUE EN FRANCE

découvre le secret de son trésor. Entre la page achevée et la page recommencée, sait-on ce qu’il a tenu de ta vie ? L’une, pourtant, ne fait que continuer l’autre, et les mots se suivent, mais si ceux d’aujourd’hui sont plus frémissants, plus gonflés de sucs, de rosée et de parfums que ceux d’hier, nul ne saura quelle source de ton âme leur infusa cette vie nouvelle… « Allons, reprends ta quenouille ! »

Et George Sand qui souffrit, qui fut prompte à s’illusionner ou à se désillusionner sur les hommes, aima les arbres, les bêtes. Entrez une minute dans la vie des arbres, des bêtes et des choses : vous serez en pleine féerie. Elle est fée, cette quenouille dont votre âme subit l’influence. Traduisez en langage humain, imagé, les rapports des choses avec votre âme, les mille jeux sur elle d’un rayon, d’une couleur d’une ligne ou d’un son, et vous évoquerez un monde plus riche infiniment, et plus varié, que tous les royaumes féeriques. Et les bêtes ? Pour une imagination de quelque vivacité, la moindre grenouille peut devenir une reine Coax.

C’est une véritable féerie que la Reine Coax. La dame Yolande de la Reine Coax ressemblait-elle à cette belle et exquise grand’mère de George Sand que nous dépeignent les conférences de M. Doumic ? C’était, nous dit la conteuse, une grande vieille dame… Elle avait près d’elle une de ses petites-filles nommée Marguerite, personne fine et avisée, qui, par mesure d’hygiène, fit dessécher les douves du château, après que l’eau vint à y manquer par l’excès de la chaleur. Cette absence d’eau causait une vive perturbation dans tout un petit monde aquatique de lézards, de salamandres et de grenouilles. George Sand sympathise avec ce touchant et misérable petit