furieux, expire à son tour. Viviane survit à Obéron et à Titania, et c’est Viviane que Merlin ira désormais rejoindre.
Comment se reverront-ils ? Puisque la vie a passé sur eux, espérons qu’ils ont, au moins, gagné la sereine indulgence. Ils ne se sépareront plus, mais leur demeure stable, si spacieuse et si magnifique qu’elle apparaisse, est un tombeau. Sans doute, l’âme de Merlin s’est enrichie de toutes les formes disparues, de tous les fantômes évoqués, de toutes les apparitions fugitives. Chacune de ces rencontres avait pour but de l’aider à atteindre le terme de son devenir. Qu’est ce terme, sinon la victoire définitive du bien sur le mal, la victoire de l’élément céleste, qui lutte dans l’âme de Merlin contre l’élément infernal. Ainsi doit être réalisée la pacification de cette âme où nous les avons vus tour à tour se combattre et se combiner.
Quinet va jusqu’à nous représenter comme à demi repentant, à demi converti, le père diabolique de Merlin, et ce père diabolique cherche à faire pénitence au fond d’un couvent, au chapitre intitulé la Conversion de l’Enfer.
La disparition du mal devant la victoire terrestre du bien, ce serait donc, pour Quinet, la fin de l’évolution humaine. C’est une idée simpliste, même quand elle n’est pas simplement exprimée. Merlin et Viviane ont un fils nommé Formose. Les peuples viennent interroger Merlin, qui, du tombeau où l’enchanteur conserve sa harpe et son jeu d’échecs, les ravit par ses réponses. Il les ravit, il les console, et c’est le propre du génie de donner aux mots une telle puissance, qu’ils demeurent vivants et brûlants, lorsque la mort a clos et glacé les lèvres sur lesquelles ils s’épanouirent.