CHAPITRE PREMIER
LES FÉES DU CYCLE BRETON
Merlin, Viviane, Morgane, principales figures de la féerie bretonne, arrivent à dominer la féerie universelle. Il serait difficile de remonter à leurs origines mythologiques, et, s’ils vécurent humainement, leur histoire humaine s’est incorporé toutes les passions, toutes les ambitions, toutes les tristesses et toutes les espérances d’une race poétique et malheureuse.
Ici, le monde féerique émerge des profondeurs de toute une littérature nationale. Ces êtres inquiétants et capricieux appartiennent aux plus anciennes traditions d’une race repliée sur elle-même, qui se consola de ses déboires réels par l’éclat de son rêve. Aussi ce rêve prit-il une telle extension qu’il déborda la parole et s’épancha dans la musique, musique monotone sans doute, comme la plainte des vagues sur la grève ou le murmure du vent dans les forêts. La musique semble avoir été donnée aux hommes pour les dédommager des promesses que la vie n’aurait point tenues.