Page:Félix-Faure-Goyau - La vie et la mort des fées, 1910.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.
328
LA VIE ET LA MORT DES FÉES

englouti. Elle a donné son nom à la vallée, à la rivière qui la parcourt, à la roche où elle demeure encore aujourd’hui. Elle enseigne à certains le lieu des trésors cachés. L’Allemagne a son Ilse, comme elle a ses nixes qui vivent sous l’onde, et qui, dans le conte Zitterinchen, recueilli par Bechstein, enlèvent une fiancée.

Pour les légendes allemandes, les eaux ont leurs créatures, comme les montagnes et les forêts. Il y a des ondines comme il y a des gnomes. Un poète, d’origine française, Lamotte-Fouqué, s’inspirant de ces vieilles et populaires imaginations, composait dès 1813 le joli roman de l’Ondine. En voici le sujet : Un vieux couple habite une fraîche prairie au bord d’un lac, à la lisière d’une forêt enchantée, que les voyageurs ne peuvent traverser sans y être hantés d’une effroyable fantasmagorie. Ce pêcheur et sa femme possèdent une paisible cabane ; leur enfant s’est, disent-ils, noyé dans le lac, mais ils ont recueilli une petite abandonnée aux longs cheveux d’or tout ruisselants et qui n’a voulu être appelée qu’Ondine. Un soir, un beau chevalier est venu quêter leur hospitalité ; en traversant la forêt magique, il nourrissait le projet de plaire à une belle qui, férocement, exigeait de lui cet acte téméraire. Mais le chevalier voit Ondine, Ondine voit le chevalier, ils s’aiment. Ondine était délicieuse avec ses cheveux d’or, son rire étincelant, ses mystérieux caprices. Un vieux prêtre les marie, et elle révèle au bien-aimé son étrange histoire. Elle n’est pas une femme comme une autre, elle est une fille des eaux, venue dans les prairies en fleur avec la nostalgie du palais de cristal que connut sa petite enfance. Et, de même que le peuple des ondins auquel elles appartiennent, ces filles des eaux, ces