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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

Pas une source, si humble fût-elle, qui ne vous eût dit son secret. Vous saviez qu’il suffit d’un rayon de lune pour « enchanter » tout un bois. Et sur vos lèvres bénies, sanctifiées par la douleur et la prière, les petites fées avaient perdu leur malice. Elles n’étaient plus que de folles et inoffensives petites créatures qui dansaient en riant autour du berceau de vos petits enfants, alors qu’ils s’endormaient au lent murmure de vos récits. Vous saviez, quand l’heure était venue, remplacer les fictions souriantes par les vérités les plus graves. À vous, ceux qui allaient partir demandaient du courage ; et de vous, ceux qui avaient failli réclamaient leur pardon. Vous leviez les mains pour bénir, et l’image du Christ suspendue au mur semblait les regarder avec complaisance.

L’âtre jetait une dernière lueur sur ces pauvres mains de fileuse, desséchées comme des feuilles mortes que doit emporter la prochaine bourrasque.