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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

fiancée, la robe de dentelle endiamantée et le manteau de fourrure blanche à longue traîne qu’elle revêtira, valent sans doute bien des trésors.

Jeannot et Annette ont, au début, des aventures analogues à celles de notre Petit Poucet, mais, pour eux, l’ogre est transformé en ogresse, et un cygne leur offre son concours afin de leur faire passer un ruisseau ; ce cygne, disent les frères Grimm, était un gentil prince changé en cygne par un magicien, tout comme le frère d’Elsa, le cygne de Lohengrin ! Ainsi la rêverie du Nord effleure de sa blanche aile la naïve légende !

Le récit de la Gardeuse d’oies met en scène un roi qui ressemble au roi Lear. Il a trois filles auxquelles il fait une question identique à celle que le vieux roi shakespearien pose à Goneril, à Regan et à Cordelia. De même que Cordelia, la troisième fille ne fait pas une réponse agréable à son père, et malgré sa beauté, ses charmes, le don unique qu’elle a de pleurer des perles, don octroyé par une fée, il la fait conduire dans une forêt sauvage où on l’abandonne. Comment une fée la recueille, et comment elle épouse un beau seigneur, c’est ce que n’ont peut-être pas oublié les lecteurs des Frères Grimm. Ce vieux roi Lear, il apparaît déjà, au moyen âge, dans le roman de Perceforest, et voilà que, dans les veillées allemandes, de rustiques conteurs ignorants de Shakespeare dessinent une silhouette qui ressemble à celle des héros shakespeariens, comme une ombre chinoise à un tableau de maître.

Les jeunes princesses de la Prison souterraine évoquent en nous un vague souvenir de Perséphone. Parce qu’elles cueillent les fruits d’un pommier magique, la terre s’ouvre sous leurs pas, et les enferme