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LA FÉERIE ALLEMANDE : LES GRIMM

taille, et font de la musique. Ils sont souvent secourables et bienveillants. À côté des nains joujoux, il y a des fées ménagères, de bonnes femmes de fées que les fées grandes dames de notre Cendrillon ou de notre Belle au Bois dormant accueilleraient avec peine dans leur cercle aristocratique, telles que celles de l’Oiseau Griffon, de la Gardeuse d’Oies, ou Mme Hollé, qu’il faut bien ranger parmi les fées, car elle en a les attributions. La marraine de Cendrillon, si experte en décorum qu’elle ne put transformer les lézards qu’en laquais stylés, et une citrouille qu’en carrosse du meilleur ton, serait déroutée par cette vieille Mme Hollé, qui semble vouloir donner une leçon aux paresseuses chambrières, en retournant un lit et en s’amusant à en faire voler les plumes. Mme Hollé, toujours active, distribue des fleurs, des fruits, des présents variés. C’est une vieille femme, une ménagère ; volontiers l’imagination lui camperait sur le nez une paire de lunettes. Lorsque du lit de Mme Hollé s’évadent les flocons légers, il neige ici-bas. Beaucoup de petits enfants allemands connaissent de nom Mme Hollé.

Ils la connaissent comme une fée très hospitalière. Elle accueille une jeune fille persécutée par sa marâtre, et cette jeune fille lui rendant des services, l’aidant à retourner le fameux lit de plumes, elle fait tomber sur elle une pluie d’or pour la remercier.

Est-ce une allusion naïve au rôle de la neige, favorable au travail de la terre quand elle tombe à propos ? La méchante fille de la marâtre veut tenter la même fortune, mais elle ne rend aucun service à Mme Hollé ; elle ne se prête point à retourner de la bonne façon le beau lit de plumes, et c’est de la poix qui tombe sur elle au lieu de l’or. Un conte japonais per-