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CARLO GOZZI ET LA FÉERIE VÉNITIENNE

Chevaliers de la Table Ronde. Le prince héritier Tartaglia, fils du roi Silvio, meurt ensorcelé par des vers composés sur le mode de ceux que haïssait Gozzi ; victime d’une intrigue menée par sa cousine, l’ambitieuse Clarisse, et par l’amoureux de Clarisse, le ministre Léandre. Pour revivre, Tartaglia doit rire, et Pantaleone, l’éternel personnage de ces comédies italiennes, s’efforce de le faire rire. Cependant Tartaglia est protégé par le mage Celio. Celio représente Goldoni, comme Morgane représente le poète Chiari. Sur cette dispute littéraire se greffe on ne sait trop pourquoi le vieux conte des Trois Oranges que nous trouvons chez le Napolitain Gianbattista Basile, et la princesse enfermée dans la troisième orange est changée en colombe par une suivante de l’astucieuse Morgane. Elle reprend sa vraie forme dans une cuisine, sous le couteau qui va l’égorger. Inutile d’ajouter que les méchants sont, comme il convient, déçus et punis.


III


Elle mérite également d’être châtiée, cette méchante princesse Turandot, beauté cruelle dont la pernicieuse manie est de proposer à ses prétendants des énigmes et de faire périr ceux qui n’en trouveraient point le mot. Mais Gozzi, que la vie, malgré ses déboires, n’a pu rendre complètement sceptique à l’endroit de l’amour désintéressé, le croit encore assez puissant pour convertir cette petite-fille du Sphinx. Lorsqu’elle devra s’avouer vaincue, elle ne se précipitera pas du haut d’un ro-