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LA VIE ET LA MORT DES FÉES


I


La folle, l’étincelante, la délicieuse « comédie des masques » semblait morte. Ses origines remontent à l’antiquité. Elle est humble et vivace, comme certaines plantes vivaces des jardins. Aux époques cultivées, nous la voyons céder la place à un Aristophane, à un Plaute, à un Térence, aux comiques érudits de la Renaissance. Elle meurt, mais elle renaît dès qu’on le lui permet ; qu’elle trouve un interstice, elle s’y insinue et s’y installe, et la sonore jeunesse de son rire fait de nouveau vibrer les échos. Si, parfois, elle est grossière, on n’a guère le temps d’y songer, car elle est vive, étourdissante et un peu folle. Elle s’improvise et ne s’écrit pas. Aussi ose-t-elle beaucoup dire : qui donc fixerait cette mousse pétillante de paroles ? Si des accents éclatent hardis, audacieux, téméraires, ils se sont envolés loin de vous, alors que vous croyez les avoir saisis, et vous doutez de la véracité de vos oreilles, quand aucune preuve n’est à votre portée. La censure n’a rien à y voir. Qui sait ? La comédie accourt avec des grelots, des masques, des folies, mais dans ce tohu-bohu de discours il y aura peut-être un mot pour défendre une cause opprimée. Elle vengera peut-être un persécuté. Et les doigts seront trop lourds pour saisir, au passage, le fragile papillon qui s’envole… D’autres fois, c’est la cause de la vertu qu’elle plaidera. Saint Charles Borromée annote et corrige les sommaires manuscrits des pièces qui se jouent à Milan. Il se sert d’elles comme d’un auxiliaire. Les hommes et les