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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

comme celle de la princesse Zirphile… Parmi les enfants curieux qui, par une entre-bâillure de porte, cherchaient à surprendre quelques mots de la passionnante histoire, combien étaient destinés à la guillotine révolutionnaire ! Et les mains de toutes les fées Nonchalantes occupées à fabriquer des nœuds ne frémissaient pas, quand la jolie fée Ninette, arborant ses lunettes et frappant le parquet de sa béquille, réclamait encore une fois, pour égayer son fameux salon, le récit des aventures d’Acajou.

Avec ce ton badin que nous lui connaissons, Voltaire à son tour célébra les vieilles fées ; il les célébra sans émotion ni conviction, mais non sans une pointe de grâce :

Oh ! l’heureux temps que celui de ces fables !
Des bons démons, des esprits familiers,
Des farfadets aux mortels secourables.
On écoutait tous ces faits admirables
Dans un château, près d’un large foyer.
Le père et l’oncle et la mère et la fille,
Et les voisins et toute la famille,
Ouvraient l’oreille à Monsieur l’Aumônier
Qui leur faisait des contes de sorcier…
Le raisonner, tristement, s’accrédite…

Et mis en goût, il imagine un conte de fées. Un jeune et beau chevalier est accusé d’avoir manqué de respect à une jolie bergère, et passe devant un tribunal de dames, présidé par la reine. Il est condamné à mourir s’il ne vient dire au tribunal « ce qui plaît aux dames ». Une horrible vieille se présente, et offre de le renseigner, à condition qu’il l’épouse quand il aura la vie sauve. Le pauvre chevalier, délivré de la mort, doit tenir sa promesse, mais l’horrible vieille se transforme en jeune et res-