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LES FÉES DE LA FRANCE CLASSIQUE

Bientôt vous seriez une triste amoureuse : ne pleurez pas trop, afin de paraître encore une jolie duègne sous le soleil d’automne.

La féerie littéraire peut enregistrer parmi ses adeptes le comte de Caylus, auteur de la Féerie nouvelle et d’une étude sur la Féerie chez les anciens et chez les modernes, le fameux Duclos et le licencieux Voisenon. Duclos et Voisenon se trouvèrent en concurrence l’un avec l’autre pour illustrer d’une légende féerique des estampes de Boucher, appartenant au comte de Tessin.

Le succès favorisa Duclos. Après les incohérences de sa Jaunillante où se lisait le roman d’un prince Percebourse et d’une princesse Pensive, il prit le temps et nous fit l’honneur de ciseler une œuvre plus achevée : il se plut à nous conter les fantastiques aventures d’Acajou et Zirphile, et, de même que Perrault nous avait représenté, dans la Belle au Bois dormant, le cérémonial de Versailles, il nous peint le salon de la fée Ninette, comme il pourrait nous peindre le salon d’une contemporaine.

L’histoire d’une race de génies malfaisants, qui désolaient les frontières du royaume des Acajous et de celui de Minutie, entre lesquels ils habitaient, se mêle de fines remarques sur la médisance. Les génies sont détruits, sauf un, mais la médisance subsiste et n’a pas de plus ardents propagateurs que le géant Podagrambo, dernier survivant de leur race, et son affreuse alliée, la fée Harpagine. Cette Harpagine confisque le beau petit prince Acajou, fils du roi des Acajous, et la fée Ninette se charge d’élever la ravissante petite princesse Zirphile, fille de la reine de Minutie.

Toutes les fées ont doué cette princesse de