des Contes, de Mlle de la Force), les très libres et très légères dames de Murat et d’Aulnoy.
Mme d’Auneuil eut beau dénigrer les fées, elle n’arriva pas à les déposséder du prestige qu’elles exerçaient dans les salons à la mode. Après les Nouveaux Contes de Fées de la comtesse de Murat, les Contes de Fées et les Fées à la Mode, puis les Chevaliers Errants et le Génie familier, de la baronne d’Aulnoy, s’échelonnèrent une foule de contes, aux titres fantaisistes, imprévus, suggestifs, charmants, tels que la Tour ténébreuse et les Jours lumineux, publiés en 1705 par Mlle L’Héritier, ou bien encore, plus tard, le Prince des Aigues marines et le Prince invisible, par lesquels s’illustra en 1722 Mlle Lévêque. On recherchait l’exotique et l’invraisemblable. Qu’étaient tous ces ouvrages ? Une tapisserie de belles dames oisives et de gentilshommes désœuvrés. Il y a sur Paris un déluge de publications aux titres chatoyants.
Ces années 1697, 1698, 1699, et quelques années du dix-huitième siècle, durent être inouïes. Les cervelles ne se reposaient pas, et c’était à qui fuirait le mieux la réalité ou même la simple vraisemblance. Si les fées ne causèrent point de cas de folie à cette époque, elles peuvent vraiment passer pour d’inoffensives créatures. Les personnes sérieuses fronçaient les sourcils : on les laissait dire. On laissait grommeler cet abbé de Villiers qui dès 1699 avait publié un opuscule intitulé : Entretien sur les Contes de Fées et autres Ouvrages du temps.
Car il ne goûtait, cet abbé, ni les longueurs ni les invraisemblances. Il imagine, dans son livre, des observations échangées entre un Parisien et un Provincial. Le Provincial, bonne pâte, ne demande qu’à s’émerveiller :