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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

soleil ou des trouées d’azur. C’est le moment d’ouvrir les jardins féeriques.


VII

MADAME D’AULNOY


Parmi les plus beaux de ces jardins féeriques sont ceux dont la baronne d’Aulnoy possède la clef de diamant ! Quel chagrin nous impose l’obligation d’avouer, en commençant à parler d’elle, que cette amie de l’enfance est peu recommandable !

Marie-Catherine Le Jumel de Barneville avait épousé, vers l’âge de quinze ou seize ans, un nommé François de la Motte, de trente ans plus âgé qu’elle. Inutile de dire qu’en faisant ce mariage la famille avait, sans le moindre scrupule, cédé à des considérations d’intérêt. François de la Motte était, d’ailleurs, un médiocre sire. Il avait été employé au service du duc de Vendôme, puis il avait acheté la baronnie d’Aulnoy en Brie et avait été élevé au grade de chevalier de Saint-Michel. Lui et sa femme s’entendirent pour manger la plupart de leurs biens. Ils ne s’entendaient pour rien d’autre, semble-t-il. Le baron mourut à quatre-vingts ans, « accablé, selon d’Hozier, de ses infortunes et des infamies de ses deux filles dont il y en a deux qui imitent leur mère ». Voilà un triste compliment à l’adresse de notre conteuse. C’est qu’il ne lui avait pas suffi d’avoir une conduite légère ; avec l’aide de sa mère, Mme de Guadagne, elle avait tenté de se débarrasser de son mari en l’accusant de