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LES FÉES DE LA FRANCE CLASSIQUE

mais pas méchantes, du moins telles qu’il nous les dépeint. Il les rencontrait à la « vesprée » par le chemin creux, ou dansant au son de leur musique, auprès de la fontaine du Cormier. Elles se retiraient « dans leur caverneux rocs » où elles disparaissaient. Robin n’avait pas la vue très bonne, mais il était hardi, et il mourait d’envie de leur parler. Tous les villageois écoutaient avec intérêt ces nouvelles des fées dansantes de Robin. Les blés dansent poussés par la brise, et les eaux dansent sous un rayon, et les arbres, sous le vent d’été, semblent remuer leurs falbalas pour une danse majestueuse et solennelle : les coquelicots dansent sur leur tige, et les bluets au bord du sentier. Les étoiles dansent au cœur de la nuit. La flamme dansait au foyer de Robin, et les ombres sur ses murailles. Robin narrait, puis il se chamaillait avec sa femme. Tour à tour ils se prenaient de bec ou riaient. Chevet n’était pas un poète, il rêvait peut-être à sa façon, mais, surtout, il aimait à conter, conteur fantasque, épris de bonne chère et de bon vin… Au fait, Robin Chevet, la tête ne vous tournait-elle pas un peu quand, par les chemins creux ou au bord des fontaines, vous voyiez danser les fées que nul, sauf vous peut-être, n’avait aperçues ?


II

LES FÉES DE RONSARD


Si, pour le paysan, les campagnes de France servaient de cadre aux ébats des fées, il n’est pas étonnant que la songerie de ce paysan se transformât