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LA FÉERIE NAPOLITAINE : BASILE

leurs récits. Leur visage n’a point de rides. Ils cheminent toujours sans se lasser. Ils vont, pieds nus, par les sentiers de mousse, et portent, dans leur regard, le rêve éternel des contrées d’où ils ont surgi. Ils ont traversé les flots sur des barques légères. Ils ont suivi les contours des rivages sonores. Ils ont paré leur cou de coquillages, tout bruissants des légendes et des traditions séculaires de l’humanité. Leurs cheveux sont mouillés de sel et de rosée. Ils ont miré, dans les sources familières, leur visage antique. Ils ont caché sous des coiffes paysannes le baiser du soleil trop ardent, visible encore à leur front. Ils se sont, vers le soir, penchés sur la margelle du puits. Ils se sont abrités sous le toit des chaumières. Ils ont franchi les marches disjointes des seuils obscurs. Ils se sont assis près de l’âtre. En France, vers la première moitié du seizième siècle, ils nous sont signalés chez Robin le Charpentier. Ils ont chanté sur les berceaux.

Des conteurs français, Perrault en tête, les prendront par la main, chausseront leurs pieds nus de fins souliers, et les revêtiront d’habits de satin pour les mener, dans les salons, faire la révérence aux marquises.