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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

peigne, et elle perd l’apparence de la vie. On l’enferme dans un cercueil de verre, et ce cercueil est déposé dans une chambre reculée de la maison. La mère meurt ; l’oncle et la tante de Lisa s’installent dans cette maison ; et, le cercueil ayant été remué, la dent du peigne tombe de la tête de Lisa qui revient à la vie. La tante profite de cette circonstance pour l’asservir et la persécuter, mais Lisa se fait reconnaître de son oncle, grâce auquel elle recouvre le bonheur. Chez Grimm, le sens mythique ou symbolique s’est beaucoup mieux conservé dans la jolie légende de Blanche-Neige que chez Basile dans l’histoire assez insignifiante de Lisa.

Quant aux Sept Doués de Mme d’Aulnoy, nous pouvons supposer qu’elle les a connus, en partie au moins, grâce à Gianbattista Basile. Ils ont des dons étranges, énormes, et, semble-t-il, embarrassants plutôt qu’enviables — des dons qui ne se montrent utiles que dans des circonstances exceptionnelles. La vie nous ménage parfois de ces rencontres. Basile nous dit comment les cinq fils d’une vieille femme, aidés de leur mère et pourvus de ces dons extravagants, délivrèrent une princesse que son père avait mariée à un très méchant ogre. Ils ont beaucoup voyagé, ces Doués bizarres ; leur troupe, il faut le croire, s’est augmentée de deux nouvelles recrues en cheminant vers le pays de Toscane : à Florence, ils sont sept dans le conte populaire du Negromante, où la tâche qu’ils accomplissent ne diffère pas sensiblement de leurs exploits napolitains. Ils font à Paris cet honneur de s’y trouver au complet dans le salon de Mme d’Aulnoy. L’un d’entre eux s’est égaré quand ils arrivent en Allemagne : Grimm ne nous les présente qu’au nombre de six.