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LA FÉERIE NAPOLITAINE : BASILE

botté. L’Égypte, vénérait les chats, et les contes de chats ont, dit-on, une origine égyptienne. Gagliufo avait hérité d’un chat, son frère possédant l’autre part de l’héritage familial. Par les ruses de son chat, Gagliufo épousera la fille du roi, acquerra terres et baronnies au riche pays lombard. Mais voici un trait que nous ignorions : le chat de Gagliufo, chez Basile, fait le mort, et s’attend à être pleuré pour les services qu’il a rendus. Imprudent animal ! Son oraison funèbre, la reconnaissance qu’on lui accorde, lui conviennent si peu qu’il se retire en se promettant de laisser à l’avenir son maître se débrouiller tout seul et de ne plus s’occuper de ce qui regarde les hommes. En Italie, ce conte de Basile a de nombreuses répliques.

À Livourne, c’est la chatte de Giuglielmo Patta qui marie son maître à la fille d’un roi, et demande, pour récompense, un monument, après sa mort, dans le jardin de ce maître. Elle ne l’obtient pas, et ressuscite pour reprocher à celui-ci son ingratitude. Dans les nouvelles florentines de l’Imbriani, la chatte, après avoir marié royalement son maître et ami, et l’avoir conduit à un palais évoqué par vertu magique, est payée de la même ingratitude, ne reçoit pas la sépulture, et le magnifique palais s’évanouit.

Ce trait de la sépulture donne raison aux partisans de l’origine égyptienne. On trouvera le même souci, le même vœu chez certains personnages des contes recueillis par M. Maspéro. Il est évident que tous ces chats sont fées ; la puissance que leur attribuent nos contes dériverait-elle de la vénération superstitieuse dont l’Égypte entoure leur race ? en tout cas, par leurs préoccupations funéraires, ils semblent révéler leur parenté avec les chats-momies, embaumés sur les bords du Nil. Qui sait, traversant la