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LA FÉERIE NAPOLITAINE : BASILE

venaient d’Égypte. La plupart avaient fourni sans doute une carrière séculaire. Ils avaient débarqué, on ne sait quand, on ne sait d’où, sur le rivage de Naples, après de multiples escales. Plusieurs paraissaient n’avoir pour but que d’étaler des joyaux étincelants ou des couleurs imprévues. D’autres apportaient le parfum des jardins mystérieux du Levant. D’autres encore s’accompagnaient d’une moralité voilée. Il y en avait de rudes, de grossiers, de choquants. Mais Basile les aimait quand il se souvenait des soirées factices, passées chez un Marino Caracciolo, prince d’Avellino, à rire, à jouer, à chanter, en compagnie joyeuse ou se voulant telle, pendant les longues nuits d’hiver. Son expérience des cours lui faisait-elle donner une portée significative au conte de la jeune et belle fée amoureuse ; que visite la nuit le prince charmant, son époux ? Pauvre fée inoffensive, impuissante contre la méchanceté des femmes ! Des jalouses la déchirent en pièces, mais elle revit, plus belle que jamais, et ses ennemies seront châtiées. Je n’oserais affirmer que ces criminelles fussent, dans la pensée de l’auteur, la personnification de la calomnie. Quant à la fée, que lui sert d’être fée ? Elle ne se défend pas. Elle ne sait qu’aimer. Est-il besoin d’être fée pour cela ? Ne lui suffirait-il pas d’être une belle et passionnée Italienne ?

Mais des fantômes classiques rôdent toujours sur les rives de la Méditerranée. Ils s’appellent Persée, Andromède, Bellérophon, Danaé, Psyché, l’Amour. Sous les draperies de marbre que leur a données la Grèce, ils intimideraient ce peuple d’artisans et de pêcheurs qui les évoque en jasant à l’ombre d’une ruelle, au seuil de quelque échoppe dont la lampe fumeuse s’allume dans le soir. Il ne faut pas trop