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CHAPITRE XI

FÉES ET FÉERIES DANS L’ŒUVRE DE SHAKESPEARE


Shakespeare nous éblouit parmi les auteurs de féeries, et ses pièces fantaisistes apparaissent comme de véritables contes de fées, même lorsque les fées en sont absentes. Car — ne l’oublions pas — ce n’est point toujours la présence des fées qui constitue la féerie, mais plutôt une spéciale atmosphère où l’on voit je ne sais comment chatoyer tous les reflets du prisme, où les fées invisibles laissent flotter dans le crépuscule quelque bout de leur écharpe.

Sans doute, dans sa mystérieuse enfance, Shakespeare, par les soirs d’hiver où l’on s’amuse aux longs récits, entendit beaucoup d’allusions à ce monde de rêve qui peuplait alors les imaginations britanniques. Un craquement de meuble, un souffle de vent à travers la serrure, pouvaient suffire à évoquer la présence d’un lutin familier. Les légendes de Grande-Bretagne étaient hantées par ces petits êtres ; l’usage était, disait-on, pour les ménagères, de leur préparer un repas de lait pur et de pain blanc ; alors