prendre, elle n’a pas tant varié depuis que le vieil Homère chanta les Lotophages.
Les poètes ont voulu magnifier les rudes vertus des héros, en regard des douces lâchetés… Fiordelisa célèbre la vertu de l’épée.
À travers tout péril, en quelque lieu qu’on aille,
L’épée et la vertu savent se frayer une voie. »
Nous sommes à l’âge des beaux condottieri, et ces vers pourraient se graver sur la tombe de ce Guidarello Guidarelli, si admirable au musée de Ravenne, où, selon l’usage de la Renaissance, le jeune guerrier est représenté dormant fier et paisible, les mains croisées sur son épée.
Mais de tels vers ne sont que des éclairs : Bojardo est trop l’enfant de cette molle Italie de la Renaissance, — oh ! à quel point il l’est ! — pour que tout ce qu’il a de conviction ne passe pas dans les tableaux de fêtes somptueuses et de voluptueuses amours.
Autour de ces combats, de ces intrigues, de ces amours, l’air suave d’Italie se meut dans le beau souffle de lyrisme, et ces palais italiens, que nous voyons quatre siècles après s’incliner vers la mort avec une grâce nouvelle, nous sourient ici dans toute la féerique splendeur de leur jeunesse. Nul mieux que le poète n’a goûté l’enchantement des roses aurores et des bleues matinées italiennes, et le voile d’or qui vibre et palpite sur la mer, et la douceur des palais de marbre au milieu des jardins de roses, et le charme d’un concert qui soupire dans une loggia aux fines colonnettes, et la grâce des bals agiles, insaisissables et fuyants comme l’eau qui passe.