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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

éclatante, mais également utile. Les actes ne prennent de valeur que selon le principe qui les inspire.

Mais, après Silvanella, cruelle en son malheur, voici la mystérieuse Fébosille. Faut-il voir une variante de Mélusine en la personne de cette Fébosille aux cheveux blonds et aux yeux noirs ? Elle appartient à la race des fées-serpents qu’illustre la grande fée du Poitou ; et peut-être serait-elle l’aïeule de Chérétane, la fée-serpent de Gozzi. Constructrice comme Mélusine, Fébosille s’est bâti un château, mais, depuis qu’elle a dû revêtir la forme du serpent, elle habite une tombe. Le roi-chevalier Brandimarte, escortant ses deux belles compagnes de voyage Fiordelisa et Doristella, s’arrête près de cette tombe où il combat un géant et un dragon, puis il regarde une loggia décorée de peintures prophétiques : la description de ces peintures nous rappelle assez le palais du Te à Mantoue, qui ne fut, cependant édifié que plus tard. Pour sortir sain et sauf de son entreprise, il faut que Brandimarte ne craigne pas d’embrasser l’être qui s’échappera du sépulcre après qu’il en aura soulevé le couvercle. Il ne recule pas quand il aperçoit le serpent ; il s’incline, s’acquitte de son redoutable baiser, et le monstre disparaît, remplacé par une belle jeune femme, vêtue de blanc et couronnée de cheveux blonds, la fée Fébosille en personne. Comme plus tard à la Chérétane de Gozzi, un baiser rendait à Fébosille sa forme première.

Celle-ci déclare que, en sa qualité de fée, elle ne peut mourir avant le jour du jugement. Elle octroie à Brandimarte des armes, un coursier ; elle promet à Doristella de l’aider à retrouver ses parents. Brandimarte reçoit un coup perfide du géant, et la fée, par des plantes, guérit immédiatement son protégé.