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LES JARDINS FÉERIQUES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE

volonté droite fera disparaître. Jardins d’illusions et de mensonges auxquels on accède souvent par un pont qui les sépare du monde réel. Jardins d’illusions et de féeries, l’art païen de la Renaissance ne célébra guère que ceux où l’homme se perd.

L’art chrétien du moyen âge avait évoqué un jardin plus beau, plus mystérieux, plus touchant, pour la douleur et pour l’espérance, car c’est un jardin que le Purgatoire de Dante, le jardin de

La bonne douleur qui nous remarie à Dieu…

Mais la citation d’un seul de ces vers composés d’éclairs et de rayons ferait pâlir et s’anéantir les jardins de féerie qui s’évanouissent devant le geste d’un Paladin.


II

PERSONNAGES DE RÊVE ET DE RÉALITÉ


Aucune époque ne semble mieux réaliser les scènes et les visions de féerie que cet âge semi-païen de la Renaissance. Les artistes courtisans succèdent aux artistes méditatifs ; les Condottieri aux chevaliers ; les princesses dilettantes aux saintes inspirées ; les châteaux de rêve voluptueux aux cathédrales de foi austère. Ce nouveau monde est plein d’amours tragiques, d’enlèvements mystérieux, de princesses captives et de génies cruels. Il y a du sang au seuil des fêtes éblouissantes, des assassins masqués se dissimuleront à deux pas des bal-