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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

qu’il y ait de l’amour en de si belles histoires, la nièce d’un roi, Marthe, éprise du jeune chevalier Isaïe, requit son amour, devint sa dame, et fut la mère de son fils, Marc, autre héros protégé par Tronc le Nain. Cette Marthe est une courageuse princesse ; séparée d’Isaïe, elle tente de le rejoindre, et, pour y arriver, elle se déguise tour à tour en écuyer et en ménestrel. Heureusement elle sait « harper » et elle est amenée à « harper » devant Isaïe qui ne la reconnaît pas encore, jolie scène que nos souvenirs imprègnent d’une grâce shakespearienne. Depuis Perceforest jusqu’à Lara, en passant par combien de pièces de Shakespeare ! l’Angleterre, souvent, s’est amusée à déguiser ainsi ses amoureuses. Tronc lui-même connaît des heures sombres ; il est emprisonné, mais il s’échappe de sa prison. Ce pauvre Tronc n’était autre que le délicieux Obéron de jadis, ayant perdu sa beauté, métamorphosé par une fée envieuse, mais à la fin du roman d’Isaïe il reconquiert, avec sa beauté, tout son prestige et tout son pouvoir.