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LES DERNIÈRES FÉES DU MOYEN AGE


II

ISAÏE LE TRISTE


Les jours héroïques de la Table-Ronde étaient passés, et, plus que jamais, les vieilles légendes se transformaient en féeries, quand au quinzième siècle, peut-être même au quatorzième, suivant l’appréciation de Gaston Paris, fut composé le roman d’Isaïe le Triste.

Isaïe le Triste était, nous dit-on, fils de Tristan de Léonois et d’Iseut la Blonde, femme du roi Marc. Iseut, qui semble avoir eu peu de remords de son infidélité, craignit cependant pour son âme si le fils de Tristan participait un jour à l’héritage de Marc, et elle cacha sa naissance. Elle le mit au monde à l’entrée d’un bois ; il fut recueilli et baptisé par un ermite. Chaque nuit, quatre fées s’introduisaient sous le toit de l’ermite, et, au grand ébahissement de celui-ci, elles venaient assister et soigner le nourrisson. Par le conseil de ces fées, l’ermite transporta le petit Isaïe dans une forêt nommée la Verte Forest. Une fée s’y trouvait, accompagnée d’un mystérieux nain appelé Tronc. Ce nain devint le compagnon et le protecteur d’Isaïe. Il va sans dire que l’enfant protégé par de si bizarres influences devait être un héros ! Il le fut.

Avec l’aide de son fidèle Tronc, il délivra maintes nobles dames des ennemis qui leur faisaient la guerre ou les persécutaient : c’est toujours l’exploit favori des chevaliers. Puis, comme il faut bien