Page:Félix-Faure-Goyau - La vie et la mort des fées, 1910.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
LA VIE ET LA MORT DES FÉES

rébrale pour ses jolis et légers passe-temps. Mélusine nourrit des desseins profonds et sert des causes glorieuses. Une âme semble manquer à ces fées légères et transparentes qui dansent un clair de lune. Et Mélusine, qui débutera comme elles et reparaîtra chantant sur la tour à la veille des catastrophes menaçant sa postérité, ne subit peut-être tant d’épreuves que pour conquérir son âme. Mélusine à la voix mélodieuse, se lamentant du sommet de la tour, a peut-être une vague aïeule dans l’imagination populaire, en la personne de Cassandre…


I


Quel fut l’auteur de son roman ? Où prit-il ses inspirations, ses légendes, ses modèles ?

La famille poitevine des Lusignan fournissait le thème, avec sa fée annonciatrice qui, la veille des catastrophes, venait se lamenter sur une tour. Mais l’histoire de cette fée était assez obscure, et rien ne nous force à croire, selon M. Baudot, que la fée elle-même eût un nom, avant que vers la fin du quatorzième siècle le romancier Jehan d’Arras le lui eût décerné. Il l’appela Mélusine d’Albanie.

Pour les traits de son caractère, je ne jurerais pas qu’il ne fût influencé par l’atmosphère de la cour barroise. Les princesses de la maison de Bar étaient vaillantes, avisées, énergiques ; la mère du duc Robert, Yolande de Flandre, s’était montrée une sorte d’héroïne, d’humeur difficile et indomptable, active, « capable des plus grandes choses », dit l’annaliste don Calmet, luttant un demi-siècle les armes à la