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CHAPITRE V

LES FÉES DANS LE JEU D’ADAM DE LA HALLE


Arras — comme Florence — avait au treizième siècle ses fêtes de mai. Le Jeu de la Feuillée se représenta, dans une salle de verdure, à l’occasion de ces solennités printanières. Arras était, d’ailleurs — toujours comme Florence — une ville d’émeutes et de réjouissances, riche en poètes et en poétesses, en jongleurs et en jongleresses, selon les mots d’alors, et cette corporation chantante y avait même été sanctifiée par un miracle : on lui devait la sainte Chandelle, guérisseuse du mal des Ardents, de sorte qu’elle en détenait la garde d’honneur.

L’auteur de la Feuillée était un fol enfant d’Arras — le moyen âge eut ses mauvais garçons, comme il eut ses héros et ses saints. — On l’appelait Adam le Bossu ; sa vivacité le prédisposait à se mêler de toutes sortes de querelles, et il avait épousé, contre la volonté de son père, une jolie Maroie ou Marion, dont il paraît s’être dépris encore plus vite qu’il ne s’en était épris. Mais le savant biographe d’Adam,