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LE DOLOPATHOS ET LA FÉERIE DES CYGNES BLANCS

Cette légende d’Hélias, ainsi comprise, semblerait relier le Dolopathos à Lohengrin.

D’ailleurs, les versions de la même histoire sont innombrables. Princesses de Bouillon, de Clèves et de Brabant, elles sont toutes les fiancées mystérieuses d’un Chevalier au Cygne qui s’appelle Hélias, Hélie du Grail ou Lohengrin, fils de Parsifal. Il vient, disent les uns, du royaume féerique ; du Paradis terrestre, affirment les autres. Montshalvat est donné comme la patrie de Lohengrin, dans un poème allemand du moyen âge où s’épanouit déjà la légende du chevalier, à peu près dans la forme où Wagner l’a glorifiée. D’autres récits ont trait au mariage de Béatrice, duchesse de Clèves, avec un Grec, et le conte du Cygne aurait été créé pour eux : les beaux pays méditerranéens seraient alors le Paradis terrestre du chevalier resplendissant.

Après le moyen âge, la Renaissance se plut à poétiser les cygnes : par l’organe de Jehan Lemaire, elle nous raconte les aventures d’une prétendue sœur de Jules César, qui, volontairement, aurait pris le nom de Schwan ou Cygne, et que, selon le narrateur, un de ces oiseaux accompagnait et protégeait.

D’où vient cette blanche volée de cygnes au pays du merveilleux ? La coïncidence du nom solaire Hélias ou Hélie avec le cygne représentant le soleil ou la lumière, a peut-être une signification.

Ceux qui découvrent partout, sous des déguisements plus ou moins vraisemblables, le mythe éternel des saisons, pourraient le discerner en ce chevalier aux armes d’or et au nom de soleil, conduit par un oiseau de lumière, et qu’attend une fiancée inconnue, vouée à l’abandon prochain.