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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

recherche des enfants pour les exterminer. Lorsqu’il les rejoignit, les six garçons, métamorphosés en cygnes, se baignaient dans un lac ; ils avaient déposé leurs chaînes d’or sur la rive, et ne pouvaient reprendre la forme humaine qu’en ressaisissant ces joyaux ; leur sœur les gardait pour eux. Malheureusement, l’émissaire de leur ennemie sut s’en emparer, et les porta au château, pour les remettre à la cruelle dame. Les pauvres garçons étaient réduits à conserver leur plumage de cygnes, mais la sœur n’oubliait point ses frères et les nourrissait de sa main. Ils nageaient autour du château paternel, fièrement perché sur une roche aiguë que l’eau caressait à sa base. La jeune fille trouvait aussi moyen de consoler sa mère qu’elle ne connaissait pas encore pour telle. Tous les serviteurs remarquaient sa ressemblance avec la fée. Le seigneur la vit, et le seul aspect de cette enfant suffit à l’émouvoir et à l’adoucir. Il l’interrogea, elle lui raconta son histoire, et il l’invita à demeurer au château. La terreur de la criminelle aïeule se devine ; comme elle ne reculait devant aucun forfait, elle chargea le serviteur de tuer sa petite-fille, mais, au moment où le meurtre allait s’accomplir, le châtelain parut, sauva la victime, et découvrit toute la trahison.

Pour sa sécurité, l’horrible vieille avait enjoint à quelque orfèvre de fondre les chaînes d’or, et d’en fabriquer un hanap, mais les chaînes étaient fées, et nul effort ne parvenait à les détruire : une seule avait été brisée, l’orfèvre les gardait toutes et avait simplement remis un hanap neuf à la mégère. Celle-ci reçut un châtiment terrible. La pauvre fée recouvra son bonheur et sa beauté ; cinq des garçons reprirent leur forme ; celui dont la chaîne avait été brisée demeura cygne,