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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

aussi avisée que Portia, dit à son mari de s’étendre sur un drap blanc, et signifie à l’escharcier que si le drap se trouvait teinté d’une seule goutte de sang, alors qu’il entaillerait la chair vive, il serait brûlé vif. Le vilain homme préfère renoncer à son paiement.

Un autre conte nous parle d’un géant cousin du Cyclope de l’Odyssée et des ogres de nos féeries. Rusé comme Ulysse et le petit Poucet, le héros du conte, devenu le prisonnier du géant, s’enfuit par le moyen d’une échelle, et s’introduit dans la peau d’une brebis. Le même personnage sauve par son adresse l’enfant d’une pauvre femme que des êtres bizarres et redoutables, les « estries », sortes d’ogresses, se disposaient à dévorer.


II

LA FÉE DU DOLOPATHOS


Mais, de tous ces récits, un seul présente le caractère authentique d’un conte de fées, c’est celui des sept cygnes. Et il a fait sa fortune, celui-là, car nous le retrouvons chez Straparole, chez Grimm, chez Andersen. Vient-il de l’Orient ou de l’Occident, du Sud ou du Nord ? Sort-il des fables de l’Inde ou des mythes de la Norvège ? Ses cygnes sont-ils cousins de ceux de Paphos ou de ceux de l’Edda ? Oiseau rare et très semblable au cygne blanc, avait répété le moine de Lorraine après le vieux satirique latin.

Un damoiseau rencontre une jeune et belle fée