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LE DOLOPATHOS ET LA FÉERIE DES CYGNES BLANCS


I

LES TRIBULATIONS DE LUCINIEN ET LA VENUE DES SAGES


L’histoire du Dolopathos, versifiée par Herbers de 1222 à 1225, est très caractéristique ; elle se déroule sur ce thème oriental d’un condamné qui va mourir, et dont la dernière heure est reculée par de longs récits d’aventures merveilleuses.

Dolopathos, roi de Sicile, envoya son fils Lucinien étudier à Rome sous la direction de Virgile : Virgile est le maître chéri du moyen âge profane. Lucinien lit dans les astres la mort de sa mère, le second mariage de son père, et son prochain retour à Palerme. Il s’évanouit de douleur. Les messagers paternels arrivent, réclamant leur prince, et Virgile fait promettre à son élève de ne dire mot jusqu’à ce qu’ils se revoient.

Voilà donc Lucinien parti, accompagné d’un brillant cortège. Le royaume de son père est en fête pour l’accueillir. Sa belle-mère est jeune, jolie, légère, et entourée de folles damoiselles. Elle porte une toilette élégante, selon la mode du temps : une robe dorée. La ville résonnait de harpes, de vielles, de chants, bruissait de bannières de soie et d’étendards à lettres d’or, sous lesquels circulait une foule éclatante de parures.

Mais Lucinien se souvint de la promesse donnée à Virgile, et ne dit mot.